Cette page est destinée à faire partager mon expérience avec ceux qui se posent des questions sur l’efficacité d’un mur anti-bruit et sur son éventuelle réalisation.
Pendant 15 ans, ma propriété était bordée côté ouest par un champ, et j’avais mis en place avec bonheur une haie d’éléagnus (magnifique et jamais malade) de 2 m de haut afin de me protéger du vent et des regards. Le seul inconvénient était une taille deux fois par an …
Hélas en 2009, l’urbanisation croissante de la commune a entraîné la réalisation dans ce champ de maisons accolées dites « de ville », créant une sorte de « barre » à 5 m de ma limite de propriété. Si la haie d’éléagnus jouait toujours son rôle d’écran visuel, il n’en était pas de même au niveau sonore, les bruits des voisins étant même « amplifiés » par réflexion sur leur mur, et intégralement renvoyés vers chez moi…y compris leurs bruits « intérieurs » lorsque leurs fenêtres étaient ouvertes.. Il y avait urgence à faire quelque chose si je voulais encore profiter de mon jardin.
Pour éviter tout problème avec le propriétaire des logements (Sté immobilière), j’ai opté pour la réalisation d’un écran anti bruit, réalisé à l’intérieur de ma propriété (donc non séparatif) et préservant la haie et la clôture existante. Je souhaitais aussi pouvoir éventuellement démonter tout ou partie de cet écran pour pouvoir, le cas échéant continuer à accéder à la haie. La nature du bruit (voisinage et pas circulation), impliquait la réalisation d’un écran absorbant et non réfléchissant. La sensibilité au vent n’est pas un problème important car le « mur » de maisons (11 m au faite du toit) protège très efficacement des vents dominants, et seul le côté « jardin » a une importance esthétique, l’autre côté étant appliqué contre la haie.
Après examen des solutions « en kit » du commerce (prix rédhibitoire…), j’ai décidé de réaliser le travail moi-même, à savoir la réalisation de 15 panneaux posés entre des poteaux 9×9 en bois scellés dans du béton et solidarisés entre eux par un solin en béton armé de 15/20 cm de haut afin d’assurer la mise à niveau tout en évitant le contact du bois des panneaux avec le sol. Le bois utilisé est du pin, commandé et traité sur mesure (cl 4 sauf le bardage cl3), chez un fournisseur.
1. PLANS
Les panneaux sont constitués d’un cadre en 25*75 délimitant 3 caissons remplis de panneaux semi-rigide en laine de roche (alpha rock 60) de 60 mm d’épaisseur. La paroi extérieure (côté jardin) est entièrement faite en bardage emboités de 22 mm d’épaisseur. La paroi côté haie est constituée d’un bardage à claire-voie en planches de pin de 10*100 en sus d’une protection des panneaux de laine de roche contre l’humidité par un écran pare-pluie (delta-vent) imperméable à l’eau, mais respirant pour évacuer l’humidité éventuelle qui entrerait dans la laine de roche. Je n’ai pas pris un film spécial anti-UV, car protégé par la haie, ce côté du mur ne voit quasiment pas le soleil. Chaque panneau est surmonté d’une couvertine réalisée avec un ½ rond de 120 mm assurant à la fois protection de la tranche des panneaux et diffraction supplémentaire des bruits. Les assemblages sont réalisés avec des clous (inox pour le bardage). Chaque panneau pèse environ 80 kg, il est posé sur le solin, le bardage venant en appui sur les 2 poteaux qui l’entourent. Leur fixation est assurée par un couvre-joint (15*50) fixé par 4 vis (inox) sur chaque poteau. Tout le bois étant déjà traité cl3 et 4, aucun produit extérieur n’a été appliqué. L’ensemble sera laissé brut. Il va foncer, puis griser, mais je compte planter de la vigne vierge pour assurer une couverture plus agréable visuellement.
2. EFFICACITE
Le bruit extérieur est donc d’abord diffracté par le bardage claire-voie, puis noyé dans les 60 mm de laine de roche dont la haute densité (70 kg/m3) assure une excellente absorption acoustique et une bonne tenue dans le temps. Il reste un espace de 10 mm de vide et enfin 22 mm de bois plein du bardage extérieur… Cette accumulation d’effets masse-ressort-masse piège quasiment tous les bruits, d’autant mieux qu’ils sont émis à proximité (ce qui est le cas ici). Evidemment il en passe un peu au-dessus, mais la hauteur totale (2.35m) assure une protection très suffisante dans le contexte.
En pratique, dans le jardin, tous les bruits de conversation et domestiques ont totalement disparus. Il faut monter en hauteur (au 1er étage de la maison) pour les percevoir à nouveau, preuve de l’efficacité. Bien sûr, les cris et rassemblement de personnes bruyantes à l’extérieur restent audibles, mais pas davantage, voire moins que celui de mes autres voisins distants de 30 à 50 m. Globalement, l’efficacité est très bonne parce que la conception et les matériaux utilisés sont adaptés à la configuration des lieux (proximité de la source) et à l’origine (fréquence) des bruits. Pour des bruits de type « routier », il aurait sans doute fallu remplacer la claire-voie par un bardage plein avec des chicanes pour renvoyer une partie des bruits, et adapter la hauteur du mur (ici 2.35m) à la distance des bruits (plus ils sont loin, plus le mur doit être haut). Et surtout, bien étudier les phénomènes de réflexion des ondes sur les différents obstacles afin de ne pas avoir d’angles morts sans protection.
En sus du calme, j’ai gagné l’économie de la taille de la haie (je n’aurai plus qu’à l’étêter)…
3. OUTILLAGE & COUT
Rien d’extraordinaire, mais il faut quand même un minimum…. Pour le bois, en sus d’une table de découpe + scie circulaire que j’avais déjà, j’ai acheté une scie à onglet à guidage laser (139 € chez bric dep). Pour faire les trous , ne trouvant rien à louer de satisfaisant, j’ai acheté sur e-bay une tarière thermique neuve de 200 mm pour 200€. Cet outil est indispensable pour faire des trous biens calibrés à cette profondeur et éviter un gaspillage de béton coûteux.
Le coût global (valeur 06/2010) est de 4.000 euros dont 500 euros d’outillage, 350 euros pour le béton, 3.000 euros pour le bois et l’isolant, 150 euros en fournitures diverses (clous etc). Les différents devis de panneaux préfabriqués équivalents se montaient entre 8 et 10.000 euros…. Sans la pose, les trous et le béton…
4. DIFFICULTES DE REALISATION
L’ensemble du chantier m’aura pris environ 3 semaines à plein temps, la plupart du temps seul puisque je n’ai eu d’aide que pour la pose des poteaux (1 journée) et le coulage des solins en béton (1 journée). Il m’a aussi fallu une aide pour la mise en place des panneaux vu leur poids (80 kg) (10 mn par panneau).
Le plus dur est la pose des poteaux. La réalisation de trous de 70 cm bien alignés avec un bon entraxe est difficile, voire impossible sans tarière. Au moment du scellement, l’alignement des poteaux et leur verticalité est également délicate : ils font 3 m de haut et sont lourds donc il faut les caler parfaitement (étais) avant de couler le béton car ensuite, dès la première pelletée de béton, on ne peut plus effectuer de réglage. L’alignement en hauteur n’est pas nécessaire, il est réalisé à postériori à la tronçonneuse, une fois tous les panneaux montés. Les poteaux 9*9 ne sont pas toujours parfaitement droits… heureusement, c’est du bois, c’est souple et à la pose on peut forcer dessus sans trop de difficultés pour faire entrer les panneaux dans les espaces.
Le coulage des solins est également délicat. Ils doivent être parfaitement horizontaux pour que l’équerrage des panneaux soit respecté : il n’y a qu’un jeu de 1 cm entre la dimension des panneaux et l’écart entre 2 poteaux. La pose des banches est donc très minutieuse sur une longueur de 30 m… il faut bien les huiler pour faciliter le décoffrage et bien tasser le béton lors du coulage afin d’avoir une aspect extérieur lisse. Et puis le béton, c’est lourd, à manier et à faire (même avec une bétonnière).
Pas de difficultés majeures pour la partie bois avec l’outillage utilisé. Seule difficulté incontournable, l’alignement imparfait des planches de bardage sur les différents panneaux. Chacun est constitué du même nombre de clins, mais il est impossible de les serrer tous de façon identique (certains clins sont un peu vrillés). Mais une fois posés les joints verticaux entre plaques, cela se remarque beaucoup moins, et cela ne se verra plus du tout une fois couvert de vigne vierge. Il faut aussi savoir planter des clous !!!!! près de 3.000 en tout !
5. PHOTOS
La haie avant voisins… et travaux
La haie a été préalablement désépaissie de moitié, et les trous ont été fait avec une tarière thermique diamètre 20 cm. Les poteaux sont espacés de 2m, plantés à 65 cm en moyenne et noyés dans le béton. Le pied est protégé par un enduit bitumeux. Le solin en béton armé (fer diam 6) a été ensuite coulé entre les poteaux en utilisant des planches de coffrage mises à niveau.
Fabrication du cadre au sol avec équerrage provisoire
Retournement du cadre, puis agrafage du film pare pluie
Pose du bardage arrière à claire-voie
Retournement des panneaux, enlèvement des équerres provisoires et pose des panneaux de laine de roche. L’ensemble est ensuite recouvert du bardage à emboîtement cloué inox (face jardin).
Vue d’ensemble après pose des panneaux
Vue Nord Ouest.. Noter le panneau en retour au long du garage afin d’empêcher les bruits de contourner l’écran.
Noter la finition : poteaux couverts d’un chapeau galva, joints de panneaux biseautés, couvertine en ½ rond. Toutes les coupes doivent être retraitées (pinceau) au produit anti fongique insecticide.
Vue arrière, côté claire-voie. A terme la haie va repousser un peu côté mur et le protéger davantage de la pluie, des UV et du vent.
Etat du mur anti bruit après 7 ans, à l’automne 2017
Le mur a un peu grisé, les panneaux du fond se sont légèrement inclinés vers l’arrière
Bonne intégration avec la végétation qui a grandi….
6. Pour prolonger votre réflexion…
http://www.acouphile.fr/
http://www.alphasabine.info/spip/Laine-de-roche-laine-de-verre-en.html
http://www.akustar.com/dossiers/418_Rw.htm